22 déc. 2018

Se libérer du fléau de la dette



Lorsque l'argent est le moteur de presque toutes les activités de la planète, il est essentiel de le comprendre. Pour nombre d'entre nous, beaucoup de questions simples restent sans réponse. D'où vient l'argent? Qui le crée? Qui décide comment il est utilisé? Et qu'est-ce que cela signifie pour les millions de citoyens ordinaires qui souffrent lorsque le système monétaire et financier s'effondre ?

C'est à ces questions que tente de répondre ce film de deux heures (sous-titré en français) de Michael Oswald (avec Ben Dyson de Positive Money, Josh Ryan-Collins de la New Economics Foundation, Ann Pettifor, etc.). Le documentaire plonge au cœur du système économique et financier et explique le fonctionnement interne des banques centrales et le processus de création de la monnaie.

Notre système économique s'avère totalement dépendant de la dette, qui est la principale source de création monétaire - par les banques privées, qui se rémunèrent grassement dessus. Il n'y a pas d'économie sans dette, ni croissance sans un alourdissement de la dette, ce qui, par le jeu des intérêts simples et composés, nous piège dans un système de redistribution des richesses aberrant, qui va des pauvres vers les riches.

20 déc. 2018

Un nouveau média libre, radical et “sans gilet”



La naissance du Black Blog coïncide avec le début du soulèvement populaire des Gilets jaunes. L’auteur, cependant, explore de longue date les problématiques qu’il fait sienne (effondrement civilisationnel, transition énergétique, changement climatique, creusement des inégalités, question monétaire, démocratie directe, développement local, résilience, critique du capitalisme, émancipation politique, innovation technologique, féminisme, anarchisme, etc.).

La piètre couverture de la révolte des Gilets jaunes par les médias dominants, leur incompréhension manifeste du phénomène, et la condescendance (pour ne pas parler de mépris) des élites médiatiques parisiennes, qui ne saisissement absolument pas la profondeur et le caractère inédit de cet événement social extrême, ont créé l’occasion qui a fait le larron.

18 déc. 2018

La monnaie au cœur des enjeux politiques et sociétaux

"Pour sortir de la spirale de la dette, nous devons réduire notre dépendance à l'égard des banques et des monnaies traditionnelles", considère Bernard Lietaer, économiste et universitaire belge spécialiste de la monnaie, auteur de l'essai The Future of Money, paru en 2001, qui a été tout à la fois banquier central (il a participé en tant que tel à la conception de l'ECU, ancêtre de l'euro), gestionnaire de fonds spéculatifs privés, et consultant pour des multinationales comme pour des pays en développement sur les questions monétaires.

Dans un ouvrage paru en 2008, sous le titre Monnaies régionales : des voies nouvelles vers une prospérité durable (Charles Léopold Mayer), Bernard Lietaer plaide en faveur de la création de monnaies complémentaires (des monnaies locales, régionales ou fonctionnelles) par les États, les entreprises et les citoyens eux-mêmes - pour sortir d'un système monétaire qui a fait l'objet de 96 crises bancaires et 176 crises monétaires au cours des 25 dernières années, selon son propre décompte, et qu'il juge "systémiquement" instable. "J’ignore quand, et à quel moment surviendra l’accident, mais je sais de façon certaine qu’il aura lieu", présage t-il.

17 déc. 2018

Citoyen sans gilet, aux côtés des Gilets jaunes de Toulouse


Combien d'éditorialistes pérorant à longueur de journée sur les plateaux feutrés des chaînes d'info en continu - sur ce qu'ils croient être un mouvement social mais est en vérité un vrai soulèvement populaire, de ceux qui mènent à des révolutions - sont allés à la rencontre des Gilets jaunes : sur les ronds points, dans les manifestations, ou dans les premières assemblées générales ?

Je ne parle pas des journalistes, qui prennent tous les risques sur le terrain. Mais des "éditocrates" qui commentent le mouvement à longueur de journée sur un ton donneur de leçons, radotent quantité de poncifs bien pensants et d'idées reçues, s'improvisent piètres moralistes, et ne font au final que servir la soupe à un gouvernement qu'ils ne veulent pas voir aux abois, parce qu'il n'ont rien compris à ce qui se passe. Peut-être sentent-ils confusément, malgré tout, que leurs privilèges de petits marquis des médias sont menacés.

14 déc. 2018

La résilience passe par les femmes et par l'anarchie, et c'est un ex-flic qui le dit



C'est un "accident de conscience", durant la crise libyenne, qui a poussé Alexandre Boisson, ancien policier puis garde du corps de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, à claquer la porte de l'Elysée. Mettant à profit son expérience du terrain et du monde politique, ainsi que tout un travail de recherche personnel sur l'état du monde, il s'est spécialisé dans l'étude des risques systémiques et des moyens de les prévenir. Cofondateur de l'association SOS Maires, il aide aujourd'hui les citoyens et les élus à penser et préparer la résilience des territoires aux chocs économiques, énergétiques, alimentaires et sécuritaires importants qu'ils sont appelés à connaître.

Alexandre Boisson livre à Julien Devaureix, réalisateur du podcast Sismique, sa grille de lecture du présent et de l'avenir, des enjeux énergétiques, géo-politiques et de citoyenneté d'aujourd'hui, et du mouvement des gilets jaunes - exposant comment, selon lui, devenir résilient dans un monde incertain. Je suis le premier surpris de me retrouver autant dans ses propos. Et je suis 100 % sur la même longueur d'onde lorsque qu'il affirme, imperturbable, que "la résilience passe par l'anarchie", et par le fait de redonner toute sa place à la femme dans la société.

13 déc. 2018

L'effondrement (de la parole politique) est déjà là



Philippe et Macron dans leur grand oeuvre de plaisantins irresponsables face aux perspectives d'effondrement civilisationnel... montage d'interventions choisies par le journaliste indépendant Clément Montfort. Le roitelet est particulièrement fortiche dans sa petite logorrhée en anglais (sous-titrée). Un cas circonstancié d'effondrement de la parole politique, qui s'est totalement vidée de son sens aujourd'hui, et n'est plus que le support d'une piteuse mise en scène. Le président touche t-il le fond de ce qu'il dit ?

Quant au premier ministre, il n'a pas d'autre référence à citer que la traduction de l'ouvrage Collapse, de Jared Diamond, qui n'est plus tout jeune (2007). On va lui commander du Pablo Servigne pour Noël. Ne reçoit-il pas de rapports d'experts sur le sujet ? N'a t-il lancé aucune consultation ? J'ai presque l'impression de voir interrogé au tableau un tire au flan qui s'est vite penché sur sa leçon juste avant de venir à l'école, et joue le bon samaritain concerné. N'importe quel prof trouverait ça pitoyable.

12 déc. 2018

Les raisons de la colère



Les économistes qui contestent la pensée unique néo-libérale sont de plus en plus nombreux et entendus, tel Gilles Raveaud, formé à l’École normale supérieure de Cachan et docteur en économie de l’université Paris Nanterre, qui a enseigné à la prestigieuse université d’Harvard pendant deux ans.

Très didactique, lors de cette conférence, sur les raisons profondes de la colère des #Giletsjaunes, il préconise de reconstruire l'économie collectivement, en anticipant la fin de la croissance, qui sera subie si elle n'est pas choisie, avec un minimum de planification et de protectionnisme (écologique, social, économique).

11 déc. 2018

Un roitelet inexpérimenté, qui prend son peuple pour une bille


Je suis un peu fatigué de ces éditoriaux complaisants sur lesquels je tombe, qui louent tous l'allocution du président de la République hier soir à la télévision, la hauteur de vue historique qu'il a manifesté, la fermeté dont il a fait preuve, sa générosité, etc. "Chez ces gens là, aurait pu dire Brel, on trouve généreux de faire l’aumône." Je m'autorise la paraphrase, tellement elle me paraît refléter la réalité.

Dans les mots du président, qui s'est planqué pendant 15 jours derrière ses obligations internationales, pendant que les Champs Élysées s'embrasaient, il y a ceux derrière lesquels il y avait quelque chose à grailler, des pseudos cadeaux : l'entourloupe à 100 balles du SMIC, la prime de fin d'année non obligatoire (au bon cœur des entreprises qui ont les moyens de la payer), et la CSG restituée à une tranche de retraités (enfin, pas celle qu'ils ont déjà payée, celle qu'ils auraient dû payer l'an prochain).

7 déc. 2018

L'écologie politique en quête d'un nouveau récit


J'assistais ce matin à un séminaire d'écologie politique organisé par Alternatiba Toulouse sur le thème du récit à construire autour du changement climatique, qui doit s'appuyer sur des bases scientifiques : comme celles exposées lors de la rencontre par l'historien des sciences Christophe Bonneuil - sur la notion d'anthropocène, sa légitimité scientifique, sa datation, ses causes - et par Roland Séférian, ingénieur chercheur au Centre de recherche de Météo France, qui a exposé sa contribution à la rédaction du dernier rapport du GIEC sur l'objectif d'une hausse maximale de la température moyenne de la terre de 1,5° C à l'horizon 2100.

C'était très instructif, même pour quelqu'un de bien informé sur le sujet. Les questions posées par la salle en fin de séance témoignent de la variété des champs d'investigation qui s'ouvrent à l'écologie politique, discipline qui ne date pas d'aujourd'hui, mais cherche justement à se réinventer, et à se doter d'un récit. S'il s'agit d'un récit essentiellement scientifique, la tentation peut être grande - et elle pointe déjà dans le discours de certains, qui envient presque l'efficacité du modèle chinois - de céder à l'autoritarisme politique. Nombreuses sont les autres questions soulevées (par la seule construction d'un récit fondateur et mobilisateur). Je vous livre ma réaction à chaud, publié sur la page FB de l'événement :

6 déc. 2018

Rendez la monnaie !

Je raconte dans ce long article (publié initialement sur mon blog Cryptorev en juin dernier) ce qu'a été la politique "non conventionnelle" de sauvetage du système bancaire en Europe suite à la crise de 2008, qui en a profité, et ce qu'ont été ses conséquences ; et j'expose les conclusions que l'on pourrait en tirer. A noter que les mêmes mécanismes "non conventionnels" pourraient être mis au service du sauvetage du climat et de la transition écologique, ce que propose le Pacte Finance Climat.

Il n'y a d'argent facile que pour les riches.

Lorsque le président Macron déclare à une employée de maison de retraite qu'il n'y a pas d'argent facile, il ment par omission. Ou par ignorance. Ou par aveuglement idéologique. Depuis la crise financière de 2007 - 2008, la Banque centrale européenne (BCE), à travers ses programmes successifs de Quantitative Easing (QE), a inondé les marchés financiers de liquidités (d'argent facile), à hauteur de plusieurs milliers de milliards d'euros.

D'où provenait tout ce argent ? La réponse est on ne peut plus simple : de nulle part. Il a été créé de toute pièce (si l'on peut dire, car il ne s'agit que de jeux d'écritures), pour racheter les actifs pourris des banques (des subprimes mais aussi de la dette souveraine), qui du coup allaient voir leurs réserves augmenter, et pouvoir théoriquement consentir plus de prêts aux acteurs de l'économie réelle. Un accès plus facile au crédit allait relancer l'activité économique de la zone euro, faire baisser le chômage, augmenter les rentrées fiscales, et le peu d'inflation induite aidant (2 % maxi, selon les critères de la BCE), restaurer la balance commerciale des pays de l'Eurozone, en favorisant leurs exportations.

Voilà dix ans que la Banque centrale européenne fait tourner la planche à billets à destination des marchés financiers, pour tenter d'enclencher ce cercle vertueux, et que cela ne marche pas du tout. D'autant que cette politique monétaire s'accompagne dans l'Eurozone de politiques d'austérité qui font baisser la consommation, et incitent particuliers et entreprises à résorber leurs dettes plutôt qu'à s'endetter encore plus auprès des banques, pour investir sur des marchés en récession, ou s'abrutir un peu plus de consommation.

5 déc. 2018

Changement climatique, la bourse ou la vie

En amont de la marche mondiale du 8 décembre, et alors que se déroule la COP24 en Pologne, je vous invite à prendre un peu de hauteur de vue sur les enjeux du changement climatique avec la journaliste canadienne Naomi Klein, auteure de l'ouvrage "Tout peut changer, capitalisme & changement climatique" (Actes Sud, mars 2015), grâce à cette conférence donnée en 2015 à l'Université Paris 8 et enregistrée par France Culture. Ses propos (en anglais) sont traduits au fil de l'eau.

"La société se divise toujours plus entre les riches, qui disposent de moyens appréciables de se protéger de la fureur du climat, et le reste des gens, laissés à la merci d'États de plus en plus dysfonctionnels", dénonce la journaliste, qui établit dans son livre un lien direct entre la crise climatique et celle du système capitaliste. "Nous avons tellement procrastiné qu'il n'y a plus de solutions qui ne soient pas radicales", avance t-elle aujourd'hui.

"Elle déconstruit avec sa lucidité et sa rigueur habituelles les mythes qui parasitent le débat sur le climat et constituent autant d’obstacles à l’action : non, le marché ne nous sauvera pas ; oui nous pouvons tourner la page des combustibles fossiles à condition d’accepter de limiter le pouvoir des multinationales et de repenser le fonctionnement de nos sociétés et de nos institutions", résume France Culture.

Pour Naomi Klein, la transition vers des sociétés justes et durables est largement engagée. Les mobilisations sociales pour la justice climatique ouvrent la voie vers une transformation radicale de nos sociétés : changer le monde plutôt que le détruire.

4 déc. 2018

Nos « années de plomb »

Petit retour (avec un texte personnel publié sur FB en 2017) sur une autre période insurrectionnelle que ma génération a vécue, bien plus violente qu'aujourd'hui.


A vingt-cinq ans, je n'avais jamais touché un ordinateur de ma vie ou presque...

Nous étions dans la seconde moitié des années quatre-vingt. La micro-informatique était une révolution à côté de laquelle je passais complètement. Le drôle d'ordinateur Amstrad que s'était offert mon frère cadet quelques années plus tôt, avec lecteur de cassette à bande magnétique pour tout moyen de stockage, ne m'avait pas fait grande impression. Il fallait saisir des centaines de lignes de code publiées dans les pages de magazines spécialisés, sans commettre la moindre erreur de frappe, avant de pouvoir tester un nouveau programme. Ma curiosité pour la bête s'était limitée à apprendre quelques rudiments du langage de programmation Basic, pour afficher le mot Bonjour au milieu de l'écran. J'avais trouvé l'expérience peu gratifiante et sans intérêt. Cette machine ne savait décidément rien faire. Il fallait en passer par tout un apprentissage pour parvenir à en tirer quelque chose. Et elle était horriblement chère. Seules quelques entreprises commençaient à s'en équiper. Durant mes études, je n'ai croisé aucun ordinateur à l'université.

3 déc. 2018

A french yellow revolution is coming


According to the French economist Georges Nurdin, all the conditions for the next mega crisis are met. The rest is psychology ... The movement of Yellow Vests in France (#giletsjaunes), like a flight of swallows announcing the storm, shows that the process is already engaged. Because this mega crisis will not only be economic and financial, but as much, if not more, political and societal.

Facing this kind of perspective, which some have already described as historical, what President Macron will say and do (he must ask himself how to live up to the stakes, but with less than an ideological reversal, it seems that this will not be the case, and one may wonder if he is not already overwhelmed by events) does not weigh heavily. The insurrection isn't coming, it is already there.

We are not in the presence of a raging urban guerilla led by groups of thugs and looters, as would like us to believe the Parisian images that loop on the news channels (or rather their comments on television, whose words sometimes say the opposite of what they show), but in front of the possibility of a real popular revolution. And like any revolution, no one can predict the result or completely prevent possible drifts.

La révolution des Gilets jaunes


Toutes les conditions de la prochaine méga-crise sont réunies, selon l'économiste Georges Nurdin. Le reste n'est qu'affaire de psychologie... Le mouvement des gilets jaunes, tel un vol d'hirondelles annonçant l'orage, montre que le processus est déjà engagé. Car cette méga-crise ne sera pas seulement économique et financière, mais tout autant, sinon plus, politique et sociétale.

Face à ce genre de perspectives, que certains qualifient déjà d'historiques, probablement à juste titre, ce que peut dire et faire le président Macron, qui doit se demander comment être à la hauteur des enjeux (mais à moins d'un total revirement idéologique, il semble que ce ne sera pas le cas ; et on peut se demander s'il ne se sent pas déjà dépassé par les événements), ne pèse pas grand chose. L'insurrection ne vient pas, elle est déjà là.

Nous ne sommes pas en présence d'une guérilla urbaine larvée menée par quelques bandes d'ultras, de casseurs et de pilleurs, comme voudraient le faire croire les images parisiennes qui tournent en boucle sur les chaînes d'infos (ou plutôt leur commentaire en plateau, car les images ne collent pas toujours avec les mots, qui disent parfois le contraire de ce qu'elles montrent), mais face à la possibilité d'une véritable révolution populaire. Et comme toute révolution, personne ne saurait en prévoir l'issue ni en prévenir complètement les dérives potentielles, dont on voit déjà poindre les prémices.

28 nov. 2018

Les scénarios de la montée des eaux qu'il faut déjouer

Petite piqûre de rappel, sur la base de deux articles parus l'an dernier, mais qui n'ont rien perdu de leur actualité. Adieu Londres, Amsterdam, Copenhague, Stockholm, Bruxelles, Venise ou Rome, et toutes les villes du bassin méditerranéen en France, de Perpignan à Nice ; adieu Bagdad, Buenos Aires, Dakar, Shanghai, Hong Kong, Tokyo ; adieu Bangkok et Singapour, Calcutta, Dubaï, Alexandrie, Le Caire ; adieu Miami, La Nouvelle Orléans, La Havane, Cancun... tel est le scénario (incomplet) d'une montée des eaux de 65 mètres consécutive à la fonte de la totalité des glaces polaires et des glaciers de montagne. Il faudrait pour cela, selon le National Geographic, que la température moyenne de la Terre grimpe de 12° C, ce qui rendrait de toute façon la plupart des régions invivables.

26 nov. 2018

Le vrai salaire de monsieur Goshn, un privilège "de dingue"

L'accusation contre Carlos Goshn, emprisonné dans une cellule de 6,8 mètres carrés au Japon, ne porte pas sur une fraude fiscale (fausse déclaration au fisc japonais), mais sur la minoration du montant de ses revenus dans les rapports financiers annuels de Nissan (les "yukashoken hokokusho") - qui s'adressent aux actionnaires et aux marchés. Dans un communiqué, la compagnie mentionne d'autres malversations qui ne font encore l'objet d'aucune instruction judiciaire.

L'affaire tombe mal pour le gouvernement français. Goshn est le symbole vivant de ce qui pousse les Gilets jaunes à descendre dans la rue. Ce ne sont pas tant les malversations comptables et financières dont il est accusé (qui visaient à tromper les actionnaires de Nissan et non le fisc) qui font scandale, que le montant monstrueux de ses revenus.

22 nov. 2018

Au cœur de la dictature bancaire en Europe

Je viens de signer une pétition lancée par Yanis Varoufakis. Premier ministre des Finances de Tsipras en Grèce en 2015, et fondateur du mouvement DIEM25 (Democracy in Europe Movement 2025), il fut au cœur des négociations de la Grèce avec l'Eurogroupe après la victoire électorale de l'extrême gauche.

Cette pétition demande que soient rendus publics les Greek files (#TheGreekFiles) : un avis juridique commandé par la BCE pour se border sur la légalité de l'action de la Troïka en Grèce ; plus particulièrement sa décision de contraindre les banques grecques à fermer leurs portes pour faire plier le gouvernement Tsipras, et le contraindre à accepter un nouveau plan de sauvetage (eg. à augmenter une nouvelle fois sa dette pour renflouer les banques françaises et allemandes) et de nouvelles mesures d'austérité, cédant ainsi un peu plus de souveraineté nationale, et reniant ses engagements électoraux.



21 nov. 2018

#nowreading La décroissance, Nicholas Georgescu-Roegen, 1979

Après Kropotkine (L'entraide comme facteur d'évolution) et Bookchin (textes choisis sur l'écologie sociale et le municipalisme libertaire), un petit détour par Georgescu-Roegen (et sa théorie de l'entropie, in La décroissance, 1979).



Télécharger le livre (pdf)

10 nov. 2018

Ne jouons plus le jeu

A quelques mois des élections européennes, je ne renierais pas un mot de ce texte écrit il y a presque deux ans, en amont des présidentielles.

Parce que nous n'espérons plus rien, nous vivons un enfer sur terre, dont nous essayons de combler le grand vide par une débauche de divertissement et de consommation. La politique elle-même n’est plus que le triste spectacle de sa propre mise en scène. Comme un serpent qui se mord la queue. Un cercle vicieux qu’il faut rompre. En ne jouant plus le jeu.

Je n'ai plus aucun doute, désormais, sur l'incapacité de notre personnel politique, qu'il soit de droite ou de gauche, à nous sortir de la crise que nous traversons. Les mutations profondes à l’œuvre sont d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Les enjeux qu'elles soulèvent, à une échelle locale, régionale, continentale et planétaire, dépassent l'entendement de nos élites politiques nationales. Le personnel politique français persiste dans son aveuglement, à moins qu'il ne s'agisse d'inconséquence : sur les limites de la croissance ; sur l'emballement de la machine climatique ; sur les changements de paradigme introduits par la troisième révolution industrielle, et sur la dépression sociale qui vient frapper en plein cœur de l'Europe : hier en Grèce, en Espagne et au Portugal ; aujourd'hui en France ou en Italie... demain en Allemagne ?

9 nov. 2018

L'intelligence artificielle : un anti-humanisme radical

Eric Sadin, écrivain et philosophe, interviewé par la (très bonne) chaîne Internet ThinkerView, à l'occasion de la parution de son livre "L’intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle" (Ed. L'échappée). L'IA perçue comme un cheval de Troie du techno-libéralisme : un système réductionniste dont il effectue une critique radicale.

8 nov. 2018

Enjeux de blockchain

Il y a parfois tout un halo idéologique qui entoure le concept de blockchain, en particulier outre-Atlantique. Cette technologie permet, potentiellement, de réaliser le rêve libertarien d'un système de marchés auto-régulés et entièrement libres de toute intervention étatique. Une vision de l'économie chère à Milton Friedman, fondateur de l'Ecole de Chicago et grande figure intellectuelle du néo-libéralisme, qui déclarait en 1999, visionnaire : « Je pense qu'Internet est en train d'affaiblir le rôle du gouvernement. Le seul bloc qui manque encore, et qui sera développé très prochainement, est une monnaie électronique fiable, c'est-à-dire une méthode où l'on peut transférer des fonds de A vers B, sans que A connaisse B et vice-versa. » Cet argent liquide virtuel, qui permet de faire des transactions sur Internet sans que les parties aient à se connaître ou qu'un tiers de confiance n'intervienne, est né dix ans plus tard, en 2009, sous le nom de bitcoin. Il représentente une capitalisation supérieure à 110 milliards de dollars aujourd'hui. Milton Friedman est définitivement exaucé.

6 nov. 2018

L'avenir en noir

Notre mode de vie n'est pas soutenable. Il a même largement franchi les limites de la soutenabilité, et nous sommes déjà confrontés, sur différents plans et à divers degrés, aux effets de bord parfois dévastateurs qui en découlent. Le système sur lequel il repose est en train de produire le pire, après avoir produit le meilleur. Le bilan (creusement des inégalités, crises économiques larvées, instabilité politique et géopolitique, changement climatique, épuisement des ressources, extinction des espèces à une vitesse accélérée) est sans appel. Il est temps de tenter de manœuvrer le Titanic pour essayer d'éviter l'iceberg.

2 nov. 2018

Les métamorphoses du bitcoin

Très bon article, inspiré du livre chroniqué ("Les métamorphoses du bitcoin, de l'or des fous à l'or numérique ?", par Jacques Favier, Adli Bataille et Benoit Huguet), qui fait le point à l'occasion des dix ans du bitcoin. Les passionnés achèteront le livre. Extrait :

"Bitcoin a dix ans et refuse toujours de s’éteindre. Ce bougre rend fous les sceptiques. Chaque jour qui passe confirme son antifragilité au sens de Taleb. Non content d’avoir donné naissance à un secteur économique à part entière, celui des cryptomonnaies et de la blockchain, le protocole Bitcoin est lui-même en constante évolution. Il s’adapte, se transforme, s’améliore. Mais les médias et les responsables politiques ignorent soigneusement ces métamorphoses, tout hypnotisés qu’ils sont par la volatilité extravagante du cours et les dimensions supposément sulfureuses de cet étrange animal. Ce dixième anniversaire est donc l’occasion de faire le point sur la folle épopée de cet objet technologique et monétaire incongru, ainsi que sur la dynamique technologique et culturelle qu’il a enclenchée."

Lien : Contrepoints, 22/10/2018

31 oct. 2018

Une playlist Youtube pour le climat

Tous ceux qui ont à coeur de s'informer sur les problématiques du changement climatique et de l'effondrement programmé de nos sociétés peuvent puiser dans ma playlist Youtube "Marche (informée) pour le climat", qui référence une quarantaine de documentaires, conférences, entretiens que j'ai tous visionnés dans leur intégralité. Playlist collaborative (vous pouvez ajouter vos vidéos). Mises à jour régulières.

30 oct. 2018

Tous "collapsonautes"

Pour ceux qui n'ont pas le temps de lire le livre "Une autre fin du monde est possible" (de Pablo Servigne, Raphael Stevens et Gauthier Chapelle), Loïc Steffan, économiste et enseignant à l’Institut Universitaire Champollion d’Albi, a publié un (très long) résumé critique sur son blog. Les plus faignants se tourneront vers le podcast de l'émission Avis critique de France Culture, qui met l'ouvrage sous les feux de la critique (à partir de 29:00).

Lien : loic-steffan.fr
Lien : France Culture

29 oct. 2018

L'entr'aide : l'autre facette du darwinisme

#nowreading, en quête d'issues et de visions positives de l'avenir, aux sources de la pensée libertaire, "L'entraide", de Kropotkine, qui a légué ce mot ("entr'aide") à la langue française. A lire également, du même auteur, théoricien du communalisme libertaire, "La Commune, suivi de la Commune de Paris" (1895).

Lien : L'Entr'aide, free PDF
Lien : La Commune, free PDF

28 oct. 2018

L'indépendance dans la musique, à quoi ça rime

Très intéressante conférence du dernier MaMA, avec Emmanuel de Buretel (Because Music), Romain Vivien (Believe Digital), Clarisse Arnou (Yotanka) et Tefa (Suther Kane Films).

27 oct. 2018

Le krach financier qui vient

La finance mondiale est à l’orée d’une crise majeure, explique l’auteur de cette tribune. Ça peut craquer d'une seconde à l'autre, et ça peut encore rester ainsi sous tension pendant des mois. Extrait :

"La vulnérabilité des économies étasunienne et chinoise — sans parler de la kyrielle d’autres faiblesses dans de nombreux autres pays, depuis le Brexit jusqu’à l’Italie en passant par la Turquie — démontre que, quel que soit le déclencheur réel, le choc qui en résultera aura probablement un effet domino sur de nombreuses autres faiblesses liées les unes aux autres. Cela pourrait bien conduire à un scénario de krach financier mondial bien pire que celui qui a commencé en 2008."

Lien : Reporterre, 31/10/2018

26 oct. 2018

Seul un juif pouvait écrire ces mots...

"Nous devrons être digne de la haine des brutes". La belle plume de Claude Askolovitch, en réaction à la tuerie de Pittsburg... Extrait :

"Dans l’inventaire sans fin des raisons que se sont données des brutes pour nous tuer, juifs, qui avons supplicié le Christ, empoisonné les puits et saigné des bambins pour la pâte de nos matzos de Pâque, qui avons poignardé l’Allemagne, outragé la sainte foi de l’Espagne, pressuré la paysannerie de Pologne et la trésorerie du roi de France, qui avons fomenté le communisme, tué le tzar et conçu le capitalisme, tant l’argent est notre Dieu profane et jaloux, écrivait ce con de Marx, nous juifs qui préparons désormais le génocide des Palestiniens et serons la raison même d'une nouvelle guerre mondiale par notre entêtement... Dans la liste si longue que se donnent des brutes pour nous haïr, juifs, celle de la brute de Pittsburgh, celle-là seulement me réchauffe le cœur endeuillé, car elle est juste et notre raison d’être au monde. Nous sommes, juifs, les amis des migrants, des pauvres et des déshérités qui marchent sur les routes d’une planète odieuse, et pour cela, une brute a tué onze d’entre nous dans une choule de Pittsburgh. Puissions-nous, en vérité, être dignes de cette haine."

Lien : Slate FR, 30/10/2018

25 oct. 2018

La résilience grecque à la dictature bancaire de l'Eurogroupe

Face au véritable effondrement (économique, social, politique) qu'ils vivent (et que certains d'entre nous vivent déjà un peu aussi, soit dit en passant), qui fut directement provoqué par la Troika (UE, FMI, BCE), ce que nous cautionnons tous indirectement en tant que citoyens européens (peut-être sera t-il temps de demander des comptes lors des élections européennes en 2019, autrement qu'en votant à l'extrême droite), les grecs essaient d'inventer un nouveau monde, plus solidaire.

24 oct. 2018

Quand la légende se frotte à l'histoire

Au cœur de l’identité occitane, les Cathares symbolisent encore aujourd'hui la résistance régionale au centralisme de l’État français, la pureté doctrinale face à une église moyenâgeuse corrompue. Aujourd’hui encore, le souvenir des massacres perpétrés lors de la croisade albigeoise irrigue l’imaginaire du territoire, jusque dans ses productions artisanales ou ses circuits touristiques. Une historienne, Alessia Trivellone, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, conteste cette idée reçue, forgée, dit-elle, au XIXe siècle.

Lien : La Dépêche du Midi, 23/10/20018

23 oct. 2018

Sur les méfaits historiques du capitalisme

Rencontre et entretien de François Ruffin avec l'économiste Raj Patel autour de son dernier livre : "Comment le monde est devenu cheap ?" Une grille de lecture originale (et historique) des méfaits du capitalisme.

22 oct. 2018

Récit d'une bataille perdue contre l'ogre bruxellois

Dans son ouvrage Adults in the room, Yanis Varoufakis, ex-ministre des finances de Tsipras en Grèce, fait le récit (en anglais) de sa bataille contre les élites de Bruxelles pour sauver son pays du désastre. Et fait toute la lumière sur les manœuvres putassières de la Troika (UE, FMI, BCE) dans le traitement de la crise grecque - où l'on apprend que la France et l'Allemagne sont passées à côté d'un véritable effondrement bancaire, du temps de Sarko et Lagarde...

Lien : free PDF

21 oct. 2018

Quand la musique réfléchit sur elle-même

Je regrettais vivement, il y a une quinzaine d'années, que la filière musicale en France n'organise pas de réflexion sur elle-même, à travers débats et conférences. Depuis le MaMA l'a fait.

Lien : toutes les confs #Mama18 

20 oct. 2018

Passager clandestin

"Les institutions financières ou les multinationales ont parfois un comportement de passager clandestin", dénonce Éloi Laurent, économiste interviewé par Le Figaro, qui enseigne la social-écologie et l'économie écologique à Sciences Po et à Stanford, et vient de publier L'Impasse collaborative, pour une véritable économie de la coopération (éd. Les liens qui libèrent, octobre 2018).

Lien : Le Figaro, 19/10/2018

19 oct. 2018

Au royaume de l'impunité

Une vingtaine de grands médias européens ont révélé un nouveau scandale de fraude fiscale ayant pris sa source en Allemagne avant de se répandre en Europe. Les « CumEx files » analysés en France par Le Monde racontent comment un ensemble de traders, banquiers et avocats ont fraudé le paiement d’impôts sur les dividendes en brouillant les pistes des véritables détenteurs des actions et en se faisant rembourser des impôts non versés. La fraude aurait permis de détourner 55 milliards d’euros en Europe.

Lien : Alternatives économiques, 19/10/2018.

18 oct. 2018

25 ans d'histoire contemporaine de l'industrie musicale

Ecouter le podcast de la conférence que j'animais le 17/10, dans le cadre du #MaMA 2018, sur le thème "Une autre histoire du streaming", avec Yves Riesel, Sophian Fanen et Alain Brunet.



17 oct. 2018

Peut-on résoudre une telle équation ?

Documentaire de Dermot O' Connor (35 minutes, 2012) sur la déplétion énergétique et la chronique annoncée de la fin de la croissance. Percutant et superbement réalisé, ce film d'animation questionne notre mode d'exploitation des énergies fossiles et des ressources naturelles, ses conséquences au niveau planétaire et l'impasse où nous mène notre modèle de croissance.