6 févr. 2019

C'est déjà le début de la fin du pétrole



La production mondiale de pétrole conventionnel (le plus facile et le moins cher à extraire, qui représente près des 3/4 de la production totale de pétrole) "a franchi un pic en 2008 à 69 millions de barils par jour (Mb/j), et a décliné depuis d’un peu plus de 2,5 Mb/j", estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport annuel (World Energy Outlook 2018). Pour empêcher un déclin durable de la production mondiale de pétrole d’ici à 2025, l'AIE annonce qu’il faudrait multiplier par 2 ou 3 les extractions de pétrole de schiste.

Les découvertes de nouveaux gisements de pétrole conventionnel sont plus faibles que jamais malgré des investissements de plus en plus massifs. Et de nombreuses zones historiques d’extraction sont en déclin : au Mexique, au Venezuela, en mer du Nord, en Afrique, ou en Asie du Sud Est. La Russie, qui figure au premier rang des pays exportateurs d’hydrocarbures, semble promise elle aussi à un déclin imminent. L’humanité consomme désormais plus de pétrole qu’elle n’en découvre, et l’écart ne cesse de se creuser. "Ces trois dernières années, le nombre moyen de nouveaux projets approuvés de production de pétrole conventionnel ne représente que la moitié du volume nécessaire pour équilibrer le marché jusqu’en 2025, compte tenu des perspectives de demande", indique l'AIE dans son rapport.

"L’essor spectaculaire du pétrole de schiste aux Etats-Unis apparaît à l’AIE comme la seule planche de salut accessible à une humanité technique plus que jamais shootée à l’or noir, et qui n’est en rien préparée au sevrage", commente le journaliste Mathieu Auzanneau, spécialiste d'écologie et d'économie et directeur du think tank The Shift Project, sur son blog hébergé par Le Monde. Mais c'est pour lui une planche de salut déjà pourrie. Aux Etats-Unis, le pétrole de schiste continue à perdre de l’argent. Depuis bientôt 10 ans, plus des trois-quarts des entreprises petites et grandes de ce secteur continuent à investir plus qu’elles ne gagnent.

5 févr. 2019

Alarme climatique !



L'urgence des urgences est et reste climatique. S'appuyant sur les scénarios scientifiques les plus pessimistes, le journaliste américain David Wallace-Well le rappelait crûment dans un long article paru le 10 juillet 2017 dans le New York Magazine, sous le titre La Terre inhabitable. Ce fut l'un des articles sur le climat les plus lus de l'histoire des États-Unis.  "La famine, l'effondrement économique, un soleil qui nous cuisine : ce que le changement climatique pourrait causer - plus tôt que vous ne le pensez", résume en sous-titre l'auteur, qui tire une grosse sonnette d'alarme.

"Deux degrés de réchauffement global fut longtemps considéré comme un seuil catastrophique : avec des dizaines de millions de réfugiés climatiques affluant dans un monde non préparé. C'est aujourd'hui devenu notre objectif, et les experts ne nous accordent que de très faibles chances de l'atteindre", écrit David Wallace-Well, qui a fini par écrire tout un livre sur le sujet, à paraître le 19 février. Sa prose dans le New York Magazine, lue par plus de 6 millions de personnes, a déclenché une vive polémique, entre ceux pour qui Wallace-Well est un alarmiste irresponsable, et ceux qui jugent son cri d'alarme salutaire. La vidéo ci-dessus est une lecture de son propos, qui douche froid notre "complaisance climatique". Dépressifs s'abstenir...

Liens :
Interview récente de David Wallace-Well par le quotidien anglais The Guardian (anglais)
Extrait du livre de David Wallace-Well publié par The Guardian (anglais)
Traduction (et résumé) de l'article publié dans le New York Magazine en français