22 nov. 2018

Au cœur de la dictature bancaire en Europe

Je viens de signer une pétition lancée par Yanis Varoufakis. Premier ministre des Finances de Tsipras en Grèce en 2015, et fondateur du mouvement DIEM25 (Democracy in Europe Movement 2025), il fut au cœur des négociations de la Grèce avec l'Eurogroupe après la victoire électorale de l'extrême gauche.

Cette pétition demande que soient rendus publics les Greek files (#TheGreekFiles) : un avis juridique commandé par la BCE pour se border sur la légalité de l'action de la Troïka en Grèce ; plus particulièrement sa décision de contraindre les banques grecques à fermer leurs portes pour faire plier le gouvernement Tsipras, et le contraindre à accepter un nouveau plan de sauvetage (eg. à augmenter une nouvelle fois sa dette pour renflouer les banques françaises et allemandes) et de nouvelles mesures d'austérité, cédant ainsi un peu plus de souveraineté nationale, et reniant ses engagements électoraux.



Dans un livre de 500 pages ("Adults in the Room, My Battle with Europe's Deep Establisment"), Varoufakis fait toute la lumière sur les manœuvres putassières de la Troika (UE, FMI, BCE) dans le traitement de la crise grecque ; où l'on apprend notamment que la France et l'Allemagne sont passées à côté d'un véritable effondrement bancaire...

Pour renflouer leurs banques doublement exposées à la crise des subprimes et à celle de la dette grecque, ni la France, ni l'Allemagne, ni la BCE en son nom propre, parce que son statut lui interdit de combler la dette des Etats membres, ne pouvaient faire tourner la planche à billets (comme la FED aux Etats-Unis). D'où l'idée d'impliquer le FMI dans l'affaire. Les nouveaux prêts consentis à la Grèce ne provenaient pas de la BCE, mais des Etats membres de l'Eurogroupe, structure sans existence juridique constituée par la réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro, sous forte tutelle allemande.

C'est bien connu, ces prêts ont atterri essentiellement, non pas dans la poche des Grecs, mais dans les caisses des banques françaises et allemandes. Selon un rapport de 2015 de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, "La majorité des prêts accordés dans le cadre du plan de « sauvetage » a été utilisée pour le remboursement des dettes existantes. Seul approximativement 10 % de ces prêts ont servi à financer le budget de l’État".

Varoufakis, qui était ministre des Finances de Tsipras et négociait la restructuration de la dette grecque avec les élites européennes après les élections de 2015, raconte une entrevue avec Christine Lagarde (alors à la tête du FMI) dans laquelle elle a reconnu avec lui que le plan de sauvetage de la Grèce était voué à l'échec, et ne permettrait pas au pays de sortir de l'impasse. Mais  le raccompagnant à la porte, elle lui glissa que la Troika avait déjà trop "investi" dans ce plan pour faire un jour machine arrière.

"La Grèce n'a jamais été sauvée, écrit Varoufakis. Avec leur prêt "de sauvetage" et leur troïka d'huissiers de justice réduisant avec enthousiasme ses revenus, l'UE et le FMI ont effectivement condamné la Grèce à une version moderne de la prison pour débiteurs de Dickens, dans laquelle on les enfermait avant de jeter la clé."

Dans la vidéo ci-dessous, Yanis Varoufakis évoque les négociations de la Grèce avec l'Eurogroupe, le chantage de la Troïka (FMI, UE, BCE),et les mutations nécessaires de l'Union européenne.



Lien : #TheGreekFiles, Why ECB independence is impossible without greater transparency, Campaign background, DIEM25

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