Notre mode de vie n'est pas soutenable. Il a même largement franchi les limites de la soutenabilité, et nous sommes déjà confrontés, sur différents plans et à divers degrés, aux effets de bord parfois dévastateurs qui en découlent. Le système sur lequel il repose est en train de produire le pire, après avoir produit le meilleur. Le bilan (creusement des inégalités, crises économiques larvées, instabilité politique et géopolitique, changement climatique, épuisement des ressources, extinction des espèces à une vitesse accélérée) est sans appel. Il est temps de tenter de manœuvrer le Titanic pour essayer d'éviter l'iceberg.
Plus un système est complexe, plus il devient instable. Notre économie financiarisée, qui connaît des crises à répétition de plus en plus violentes, en est un exemple. Les bulles gonflent et éclatent les unes après les autres, provoquant un effondrement encore plus profond à chaque fois. Le bateau prend l'eau de toute part. Si on se fit à la littérature scientifique, que j'épluche depuis quelque temps, et qui est très alarmiste, il n'est pas démontré que nous ne puissions pas encore renverser la vapeur. Ce qui est démontré scientifiquement, c'est que l'effondrement aura bien lieu.
Si nous ne faisons rien pour changer très vite de cap à une échelle planétaire, l'effondrement sera brutal partout où il se produira. Et les projections les plus noires des collapsologues se vérifieront. Si une prise de conscience autre qu'émotionnelle se produit (elle doit être politique), et qu'elle se transforme en acte, l'effondrement peut se produire de manière beaucoup plus graduelle, sur des décennies plutôt qu'en quelques années, et nous laisser le temps de nous préparer à de multiples formes de résilience, et de commencer à bâtir un autre monde pour les générations futures. C'est notre seule fenêtre d'espoir. Nous n'avons pas le droit de la laisser se refermer.
Lien : blog Mediapart, 09/09/2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire