"Le monde est devenu fou et le système est cassé". C'est le titre d'une tribune publiée sur LinkedIn par Ray Dialo, co-responsable des placements et co-président du conseil d'administration de Bridgewater Associates, l'un des plus gros fonds d'investissement spéculatif au monde, dont il est co-fondateur. Le message n'est pas nouveau, qui alerte sur la spirale infernale dans laquelle notre système monétaire et financier s'est engagé à l'échelle mondiale. Ce qui l'est, en revanche, c'est qu'il soit émis par un insider du monde de la finance. L'article, auquel je vous renvoie si vous lisez l'anglais, résume en quatre points ce qui rend la situation insoutenable à court ou moyen terme :
6 nov. 2019
10 juin 2019
Dans la "boîte noire" de la finance de l'ombre
Le shadow banking, ou finance de l'ombre, c'est le monde dans lequel nous fait pénétrer Maxime Renahy, auteur de l'ouvrage "Là où est l'argent" (Ed. Les Arènes) : 370 pages qui se lisent d'une traite ; le récit de ses investigations d'espion au service de la DGSE dans les paradis fiscaux de Jersey et du Luxembourg, où il a officié sous la couverture d'administrateur de fonds.
Libéré de son devoir de réserve, Maxime Renahy dévoile toute l'ingénierie financière organisée à l'échelle planétaire pour permettre aux plus riches d'échapper au fisc : un système de poupées russes imbriquées les unes dans les autres, de holdings, fonds d'investissement spéculatifs (hedge funds) et autres coquilles vides, qui n'ont d'existence que dans les écritures de cabinets d'avocats spécialisés comme celui pour lequel il a travaillé. Le seul objectif de ce système est de noyer le poisson, et d'organiser le plus opaquement possible l'évasion de l'essentiel des bénéfices vers de minuscules territoires où ils ne sont pas imposés ou presque.
2 mai 2019
Une autre lecture du premier mai
Je m'étonne que personne ne s'interroge sur les deux allemands et l'espagnole arrêtés en amont du premier mai avec un arsenal digne de Daesh. Qui étaient-ils ? Des Black Blocs d'ultra gauche, vraiment ? Ou des ultras de droite ? Ou un vrai commmando de Daesh ? Ou des comédiens payés par l'Elysée ? Au degré de distorsion de la réalité où en est le gouvernement on peut s'interroger. Et surtout, quelle était leur intention ? Tuer des flics ? Tuer des Gilets jaunes ? Tuer indistinctement ? Le plus rassurant, finalement, à l'heure où on peut craindre que se manifestent les premières réactions violentes au mouvement des Gilets jaunes, serait que le gouvernement ait tout pipoté pour effrayer encore plus les manifestants.
26 avr. 2019
Quatre questions à E. Macron
Spectacle affligeant de la servitude journalistique des accrédités de l'Elysée lors de la conf de presse du président hier... No more comment. Je n'aurais peut-être pas fait mieux. A vous de juger. Voici 4 questions qu'il me serait spontanément venu à l'esprit de poser à E. Macron :
1/ Vous avez dit vouloir "remettre l'humain au coeur "du" projet". De quel projet s'agit-il ? Le vôtre, le nôtre (celui de la nation), ou celui de puissances (les riches, les banques, la finance) dont beaucoup de Français pensent que vous êtes l'obligé ?
2/ Vous parlez sans cesse d'augmentation du pouvoir d'achat (drôle de glissement sémantique au passage, fut-un temps où on parlait surtout d'augmenter les salaires). Un jeune de banlieue peut augmenter facilement le sien et celui de sa famille en faisant le gué pour les dealers du quartier. Qu'avez-vous d'autre à lui proposer ?
3/ Des richesses que vous avez exonérées d'ISF, quelle proportion, selon vous, est allée à l'investissement dans l'économie réelle (20 % ?), et quelle autre est allée gonfler inutilement (sauf à des fins d'enrichissement personnel) la bulle spéculative des marchés financiers (80 % ?) ?
4/ Vous voulez pourfendre l'optimisation fiscale optimisée (ou plutôt l'évasion fiscale favorisée par la concurrence fiscale en Europe). L'annulation, aujourd'hui même, de l'amende fiscale de 1.15 Md€ infligée à Google, et les attendus de cette décision, ne démontrent-ils pas votre totale impuissance en la matière ?
6 févr. 2019
C'est déjà le début de la fin du pétrole
La production mondiale de pétrole conventionnel (le plus facile et le moins cher à extraire, qui représente près des 3/4 de la production totale de pétrole) "a franchi un pic en 2008 à 69 millions de barils par jour (Mb/j), et a décliné depuis d’un peu plus de 2,5 Mb/j", estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport annuel (World Energy Outlook 2018). Pour empêcher un déclin durable de la production mondiale de pétrole d’ici à 2025, l'AIE annonce qu’il faudrait multiplier par 2 ou 3 les extractions de pétrole de schiste.
Les découvertes de nouveaux gisements de pétrole conventionnel sont plus faibles que jamais malgré des investissements de plus en plus massifs. Et de nombreuses zones historiques d’extraction sont en déclin : au Mexique, au Venezuela, en mer du Nord, en Afrique, ou en Asie du Sud Est. La Russie, qui figure au premier rang des pays exportateurs d’hydrocarbures, semble promise elle aussi à un déclin imminent. L’humanité consomme désormais plus de pétrole qu’elle n’en découvre, et l’écart ne cesse de se creuser. "Ces trois dernières années, le nombre moyen de nouveaux projets approuvés de production de pétrole conventionnel ne représente que la moitié du volume nécessaire pour équilibrer le marché jusqu’en 2025, compte tenu des perspectives de demande", indique l'AIE dans son rapport.
"L’essor spectaculaire du pétrole de schiste aux Etats-Unis apparaît à l’AIE comme la seule planche de salut accessible à une humanité technique plus que jamais shootée à l’or noir, et qui n’est en rien préparée au sevrage", commente le journaliste Mathieu Auzanneau, spécialiste d'écologie et d'économie et directeur du think tank The Shift Project, sur son blog hébergé par Le Monde. Mais c'est pour lui une planche de salut déjà pourrie. Aux Etats-Unis, le pétrole de schiste continue à perdre de l’argent. Depuis bientôt 10 ans, plus des trois-quarts des entreprises petites et grandes de ce secteur continuent à investir plus qu’elles ne gagnent.
5 févr. 2019
Alarme climatique !
L'urgence des urgences est et reste climatique. S'appuyant sur les scénarios scientifiques les plus pessimistes, le journaliste américain David Wallace-Well le rappelait crûment dans un long article paru le 10 juillet 2017 dans le New York Magazine, sous le titre La Terre inhabitable. Ce fut l'un des articles sur le climat les plus lus de l'histoire des États-Unis. "La famine, l'effondrement économique, un soleil qui nous cuisine : ce que le changement climatique pourrait causer - plus tôt que vous ne le pensez", résume en sous-titre l'auteur, qui tire une grosse sonnette d'alarme.
"Deux degrés de réchauffement global fut longtemps considéré comme un seuil catastrophique : avec des dizaines de millions de réfugiés climatiques affluant dans un monde non préparé. C'est aujourd'hui devenu notre objectif, et les experts ne nous accordent que de très faibles chances de l'atteindre", écrit David Wallace-Well, qui a fini par écrire tout un livre sur le sujet, à paraître le 19 février. Sa prose dans le New York Magazine, lue par plus de 6 millions de personnes, a déclenché une vive polémique, entre ceux pour qui Wallace-Well est un alarmiste irresponsable, et ceux qui jugent son cri d'alarme salutaire. La vidéo ci-dessus est une lecture de son propos, qui douche froid notre "complaisance climatique". Dépressifs s'abstenir...
Liens :
Interview récente de David Wallace-Well par le quotidien anglais The Guardian (anglais)
Extrait du livre de David Wallace-Well publié par The Guardian (anglais)
Traduction (et résumé) de l'article publié dans le New York Magazine en français
18 janv. 2019
Les Gilets jaunes doivent-ils porter le fer jusqu'à Bruxelles ?
Je commençais à m'interroger sur le silence assourdissant de la chaîne ThinkerView, depuis quelques semaines, sur le mouvement des Gilets jaunes. Elle a juste reculé pour mieux sauter, et fini par inviter trois "éconoclastes" dépourvus de novlangue pour en parler, qui apportent (pendant plus de deux heures) un peu de hauteur de vue sur le sujet.
Où l'on mesure, d'une part, la fermeture du pouvoir macronien, sa tentation d'une stratégie de rétablissement de l'ordre des plus brutales (100 blessés graves au cours des manifestations), son absence d'écoute et d'empathie, son caractère réactionnaire, conservateur, et politiquement "illibéral", ainsi que sa totale inexpérience ; et d'autre part, les enjeux que revêt l'issue politique du mouvement des Gilets jaunes, qui auraient toute légitimité à porter le fer jusqu'à Bruxelles, où résident les vrais arcanes du pouvoir au sein de l'Union européenne, et les vrais maîtres du jeu (et de Macron).
Où l'on mesure aussi que la crise sociale est profonde, que la crise politique l'est tout autant, sans parler de crise morale, et qu'il n'y aura pas d'issue honorable sans un renversement, à l'échelle de toute l'Eurozone, de l'ordre économique dominant, qui est la principale cause de nos déboires. Où l'on réalise, par ailleurs, qu'il devient opportun de s'interroger sur la légitimité démocratique des institutions européennes, ou en tout cas, sur le caractère démocratique de leur fonctionnement, et sur les conséquences sociales, politiques et économiques qu'a eu l'adoption de la monnaie unique dans un cadre peu adapté.
Où l'on comprend, pour finir, combien nous sommes le jouet des marchés financiers, auxquels l'ordre économique mondial est pieds et poings lié, et à quel point ils nous exposent à une crise monétaire sans précédent. Cette table ronde a emporté ma
conviction : 2019 sera chaotique ; le mouvement des Gilets jaunes ne s'étiolera pas ; et la perspective que Macron ne finisse pas l'année à l'Elysée ne me paraît plus improbable.
17 janv. 2019
Une marionnette à l'Elysée
Un entretien de Daniel Mermet, du site indépendant Là bas si j'y suis, avec Juan Branco, avocat (de Julian Assange, notamment), philosophe, chercheur, auteur de Crépuscule (2018) : un brûlot sur les ressorts intimes du pouvoir macronien et ses liens de corruption, de népotisme et d’endogamie, qui ne trouve pas éditeur et qu'il diffuse librement.
Diplômé des grandes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique (Sciences Po, Normale Sup), Juan Branco connaît ce monde de l’intérieur. Il dénonce « un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté. »
Lien vers la vidéo : Juan Branco désosse Macron
Diplômé des grandes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique (Sciences Po, Normale Sup), Juan Branco connaît ce monde de l’intérieur. Il dénonce « un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté. »
Lien vers la vidéo : Juan Branco désosse Macron
6 janv. 2019
La face cachée du Bitcoin
Qu'il s'agisse de libérer les travailleurs émigrés du cartel qui prélève sa dîme (autour de 30 milliards de dollars par an) sur les envois de fonds personnels à leur famille (cf. Bitcoin vs. Western Union) ; ou d'offrir une alternative aux populations de pays en proie à une hyperinflation galopante de leur monnaie, comme l'Argentine, le Venezuela ou le Zimbabwe (cf. Un rempart contre l'hyperinflation) ; ou encore d'inclure les populations non bancarisées dans les échanges économiques, la crypto-monnaie Bitcoin a bien des propriétés salvatrices et émancipatrices.
4 janv. 2019
Les Gilets jaunes et la bombe à retardement des élections européennes
La violence presque dédaigneuse manifestée dans le maintien de l'ordre par le pouvoir exécutif a radicalisé le mouvement des Gilets jaunes, qui est devenu proprement insurrectionnel, et s'inscrit désormais dans une longue tradition historique (Révolution française, révolte ouvrière des canuts, février 1848, Commune de Paris...). Eric Hazan, écrivain et fondateur de La fabrique, qui édite les brûlots politiques du Comité invisible (comme "L'insurrection qui vient", essai collectif et anonyme publié en 2007), le rappelle dans un entretien accordé à Le Media (vidéo-ci-dessus), dans lequel il livre sa lecture du mouvement.
Les Gilets jaunes n'ont pas l'intention de lâcher le morceau. Ils ne l'ont pas lâché pendant la période des Fêtes ; ils ne le lâcheront plus d'ici les prochaines élections européennes, dont la campagne peut devenir explosive, comme elle peut aussi être l'occasion d'un véritable débat citoyen sur le fond, à la fois législatif et institutionnel, partout en Europe - comparable à celui qui a spontanément eu lieu à l'occasion du référendum de 2005 sur le projet de traité constitutionnel.
Les insurgés conservent le soutien de la population, qui leur est presque reconnaissante, dans sa grande majorité, d'avoir ouvert la voie à de nouvelles alternatives politiques citoyennes, et démontré la possibilité de faire trembler les fondations d'un ordre libéral structurellement spoliateur, et de plus en plus coercitif sur le plan régalien. Les consignes de répression violente données aux forces de l'ordre par le gouvernement, parfois à l'endroit des manifestants les plus pacifistes, sont là pour en témoigner.
3 janv. 2019
Tout savoir des méfaits de la Troïka, véritable police de la dette en Europe
A quelques encablures des élections européennes, ce documentaire du journaliste allemand Harald Schumann permet de plonger dans les tréfonds obscurs de l'UE, ses vrais lieux de pouvoir. Il fait toute la lumière, en particulier, sur le rôle joué ces dix dernières années par la Troïka (UE, FMI, BCE). Véritable police de la dette au service des banques et des grandes entreprises, la Troïka est le bras armé de l'Eurogroupe : une structure informelle et non démocratique sous domination allemande, qui réunit régulièrement les ministres des finances des pays membres.
Les réformes structurelles et les politiques d'austérité imposées par la Troïka, en contrepartie d'un allègement ou d'un rééchelonnement de leur dette publique, ont successivement étranglé les économies de la Grèce, du Portugal ou de Chypre ; ruiné leurs populations ; démantelé leurs services publics ; bradé leur patrimoine ; augmenté dramatiquement leur taux de chômage ; et pour finir, encore plus alourdi leur dette publique... Avec pour principal objectif de renflouer des banques très imprudemment exposées au risque de défaut, au détriment des populations.
1 janv. 2019
La novlangue néo-libérale du macronisme déconstruite
Épouvantail de la dette publique et du déficit public, théorie du ruissellement, européisme béat, effets des politiques d'austérité... Dans cet entretien libre avec Aude Lancelin (Le Média), diffusé en direct le 23 avril 2018, Thomas Porchet, essayiste et doctorant en économie, membre des Économistes atterrés et professeur à la Paris School of Business, déconstruit la novlangue néo-libérale du macronisme, abondamment relayée par les éditocrates dans les médias de masse ; ainsi que les thèses économiques dominantes, qui nous aveuglent depuis quarante ans.
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